A la découverte du Machu Picchu

Jeudi 14 et vendredi 15 juillet, Etienne et moi nous sommes accordés une petite pause au milieu de notre mission à Cusco pour partir explorer le Machu Picchu, cité Inca découverte il y a tout juste un siècle et ouverte au tourisme depuis à peine 50 ans. Le trajet jusque là-bas est un périple au long cours… mais cette quête est récompensée par la découverte d’un joyau à nul autre pareil : ce n’est pas pour rien que le Machu Picchu figure parmi les 7 merveilles du monde moderne !

Jeudi 14 juillet, lever 5 heures pour tenter d’attraper un des premiers bus vers Santa Maria, première étape de notre périple. Depuis Santa Maria, nous comptons prendre un autre bus pour Hydroelectrica et, de là, marcher à pied le long de la voie ferrée jusqu’à Aguas Calientes, ville située aux pieds du Machu Picchu où les touristes passent la nuit avant de partir à la découverte de la cité Inca. Cet itinéraire au long cours permet de rejoindre Aguas Calientes sans prendre le train, qui est l’un des plus chers du monde… Il faut en effet savoir que le Machu Picchu est devenu un sacré business et que sur place les prix n’ont rien à voir avec le reste du pays !

 

A 8h, nous embarquons donc pour 6 heures de bus à travers des paysages à couper le souffle ! C’est le cas de le dire, vu le nombre de croix que nous apercevons à quasiment chaque virage… pas très rassurant ! Nous arrivons cependant entiers à Santa Maria et sautons dans un mini van, qui nous emmène en 1 heure à Hydroelectrica. Nous comprenons vite pourquoi les bus n’ont pas le droit d’emprunter cette route : nous roulons sur un chemin de terre longeant un précipice ! Cela n’a pas l’air d’effrayer le conducteur, qui roule à fond la caisse... Mais une fois encore, la chance nous sourit et nous arrivons sain et sauf à Hydroelectrica ! Là, des dizaines et des dizaines de touristes s’apprêtent à marcher pendant 3 heures le long de la voie ferrée pour rejoindre Aguas Calientes : nous ne sommes décidément pas les seuls à connaître la combine ! 

C’est vers 15h que nous entamons le dernier tronçon de notre périple. Cette promenade au beau milieu de la jungle est impressionnante : nous ne sommes certes pas seuls mais avons tout de même bien la sensation d’être perdus au milieu de nulle part ! Les paysages sont grandioses, la nature luxuriante… et le fait de marcher le long de la voie ferrée nous donne l’impression d’être de véritables aventuriers ! Nous ne croisons qu’un seul train au cours de ces 3 heures de marche - rien de dangereux cependant car les conducteurs savent que de nombreux touristes marchent le long des voies et klaxonnent donc régulièrement pour les prévenir de l’arrivée du train.

 

Après avoir traversé 2 tunnels à s’éclairer à la lampe de poche, nous atteignons Aguas Calientes, nichée au creux de montagnes vertigineuses. Nous sommes immédiatement saisis par l’atmosphère joviale qui règne dans la ville : l’excitation de ceux qui viennent d’arriver et attendent avec impatience de découvrir le Machu Picchu se mêle à l’émerveillement de ceux qui en reviennent des étoiles plein les yeux ! Cette ville, peuplée par une majorité de touristes et entourée d’une nature grandiose et sauvage, a décidément bien des airs de bout du monde…

 

C’est en arrivant à notre auberge de jeunesse que nous apprenons la terrible nouvelle : la France a encore été frappée par le terrorisme… C’est donc épuisés et attristés que nous nous couchons, toutefois bien décidés à nous lever à l’aube pour être parmi les premiers à entrer au Machu Picchu !

Vendredi 15 juillet, nous sommes debout dès 4h30 ! L’objectif de ce matin : monter à pied jusqu’au Machu Picchu pour éviter de payer le bus qui, une fois encore, coûte très cher, et surtout pour emprunter les escaliers datant des Incas ! Nous partons donc dans la nuit pour commencer cette montée réputée difficile – 1 700 marches à gravir, ce n’est pas rien ! Traverser la ville encore endormie puis entamer l’ascension de la montagne dans la nuit a un côté magique… Nous ne regrettons déjà pas de nous être levés si tôt ! Peu à peu, l’obscurité se dissipe et le paysage grandiose apparaît au milieu de la brume matinale : magnifique ! Cela nous permet de penser à autre chose qu’à nos mollets, qui souffrent tout de même un peu de cette rude aventure ! Moi qui croyais que les Incas étaient petits, je n’arrête pas de pester contre ces marches décidément trop hautes qui me forcent à faire de l’escalade ! Au bout d’1h30 de marche, nous atteignons le Machu Picchu ; nous sommes essoufflés et épuisés mais ravis d’être venus à bout de cette ascension mythique ! 

Après une bonne petite pause, nous nous élançons à la découverte de la superbe cité Inca… et nous ne sommes pas déçus ! Le Machu Picchu est absolument sublime, hors du temps, enchanteur… Nous avions déjà vu des photos de cette merveille mais la voir en vrai est époustouflant ! « On doit s’attendre à une émotion similaire à celle ressentie face à la Chapelle Sixtine ! » m’avait dit Etienne lorsque nous faisions la queue pour entrer sur le site ; c’est le moins qu’on puisse dire ! Nous sommes scotchés, impressionnés et je dois l’avouer émus par ce site dont se dégage tant de grandeur, à la fois culturelle et naturelle. Le Machu Picchu est beau à la fois par ce que ses pierres racontent et par ce que la majesté de ses montagnes dégage. Et le mystère qui plane toujours autour de son usage et de sa construction lui confère une aura toute singulière : à quoi servait le Machu Picchu exactement ? Fut-il une capitale religieuse, la résidence d’un empereur ou juste un lieu de culte consacré au Soleil ? Et comment les Incas ont-ils pu construire toute une cité à une telle hauteur, sachant que la roue n’avait pas encore été inventée ? Ces pierres ancestrales garderont peut-être à jamais leur secret…

 

Nous restons de 7h à 16h sur le site, nous promenant dans les différents quartiers, passant de longs instants à admirer des vues imprenables, inspectant chaque recoin et, je l’avoue, m’attendrissant devant les lamas qui se baladent nonchalamment dans la cité !

 

Nous redescendons à pied également et regagnons Aguas Calientes, où nous prenons cette fois-ci le train pour descendre de cette parenthèse enchantée. Car malgré ses 2 000 visiteurs par jour, le Machu Picchu reste un lieu intime et mystérieux, un site tutoyant le vide et les nuages où chacun se sent pris aux tripes par le poids de l’Histoire et la splendeur de la nature.

Juillet 2016