Au service de l'Amour

Nous étions partis pour servir, pour aider, pour être efficaces ; chaque jour nous nous rendons davantage compte que là n’est pas le plus important. Nos missions chez les Missionnaires de la Charité nous mettent en effet au contact de réalités terribles mais qui nous font toucher du doigt l'essentiel : l'Amour.

 

Que ce soit avec les filles-mères de Casablanca, avec les personnes âgées & abandonnées de Cusco et de Potosi, avec les SDF de Buenos Aires où avec les orphelins de Santiago, nous prenons conscience du fait que le plus important n'est pas de FAIRE mais d'ETRE, pas d'être le plus efficace possible, de faire le maximum de choses, mais de passer du temps avec ces personnes, de prendre le temps que personne ne veut leur donner, de leur montrer qu'elles ont du prix à nos yeux et qu'elles sont dignes d'être aimées. En fait, si je devais résumer chacune des missions que nous avons accomplies jusque-là, si je devais répondre à la question « que faites-vous de vos journées ? », je dirais... AIMER.

 

Aimer, cela veut dire jouer avec la jeune Marocaine qui a été rejetée de chez elle parce qu'elle est tombée enceinte hors mariage, rire avec elle et devenir son amie ; cela veut dire parler avec la petite grand-mère qui a été placée chez les sœurs parce que plus personne ne veut s'occuper d'elle, éplucher les pommes de terre à ses côtés en échangeant des sourires ; cela veut dire prendre dans nos bras tous ces bébés abandonnés que nous côtoyons à Santiago, leur donner le plus d'affection possible et les stimuler pour qu'ils marchent, mangent seuls, deviennent propres... L'amour est tellement crucial à cet âge-là !

Cette grande Aven’tour bouleverse donc pour nous le sens du service : en tant que volontaires, notre mission est certes d'aider dans les tâches quotidiennes (faire la lessive et le ménage, aider à la cuisine, constituer les sacs de provisions que les sœurs donnent aux familles dans le besoin...) mais le plus important est de prendre le temps d'aimer les patients eux-mêmes. L'écueil serait justement de se laisser prendre aux tâches ménagères, ce dans quoi j'ai failli tomber à Cusco car j'avais du mal à nouer des liens avec les petites grand-mères, quand même méchamment atteintes... 

 

C'est étrange et déroutant car au final nous ne sommes pas forcément « utiles » mais je pense que nous apportons un petit plus à ces personnes, un petit plus que les « workers » n'ont pas le temps de donner : ces salariés travaillant chez les sœurs sont là pour s’assurer que la maison tourne mais ils ont rarement un moment pour se poser avec les patients ; en tant que volontaires, nous sommes justement là pour prendre le temps de parler, rire, jouer avec ces derniers. Prendre le temps de vivre avec eux, en somme. Vivre avec eux ce qui est finalement leur quotidien et essayer d’y apporter une touche de joie. Là est l’amour : aimer la personne pour ce qu’elle est et tout faire pour la rendre heureuse parce que ce qui n’est pour nous que quelques semaines de service est souvent pour elle l’affaire de toute une vie…

 

Depuis 6 mois que nous voyageons au fil de nos services chez les Missionnaires de la Charité, nous avons certes passé de nombreuses heures à faire la lessive, passer la serpillère ou servir des repas, mais nous nous sommes surtout laissés guidés par cette découverte merveilleuse : le plus beau des remèdes pour réconforter, guérir, consoler, c’est… l’Amour !

Chili, octobre 2016