La joie de faire du stop *

* J’ai écrit volontairement « faire du stop » et non « faire de l’auto-stop » car nous avons également fait du camion-stop, du camping-car-stop et même du bus-stop ! J’ai hâte de tenter l’avion-stop mais c’est le niveau du dessus !

 

Parmi les différentes choses apprises grâce à mon père, il y a le stop ! Je suis tombé dans la marmite il y a plus de 15 ans, dès la classe de 6ème. En effet, pour contrer les fréquentes grèves de transports, mon père et moi levions le pouce de la Garenne-Colombes à Paris, où se situait mon collège. Mon père m’épatait car grâce à son caractère extraverti et ouvert, il créait immédiatement un beau contact avec les différents conducteurs. Aux fils des années, j’ai continué à pratiquer le stop, seul ou avec des amis, comme lors d’une mémorable route des vins dans le Sud de la France, en août 2014 – nous étions alors 10 à faire du stop !

 

Aujourd’hui, le stop est beaucoup moins fréquent qu’il y a quelques années. La faute à certaines histoires sordides et sûrement au fait que nous vivons dans une société beaucoup plus craintive et  tournée sur elle-même ! Quelle tristesse quand on sait toute la joie que procure le stop !

 

Pendant notre Aven’tour, Inès et moi avons décidé d’effectuer de nombreux trajets en stop sur les 5 continents : après la France, l’Espagne, le Maroc, l’Argentine et le Chili (soit au total près de 6 000 km et 70 véhicules), nous avons prévu de faire du stop en Nouvelle-Zélande, en Asie et… en mai 2017 pour rentrer de Shkodra (Albanie), où nous effectuerons notre dernière mission auprès des Missionnaires de la Charité, jusqu’à Paris !

 

Le stop est une magnifique école de la vie… en voici 6 raisons :

1. Le stop, c'est faire de magnifiques rencontres

Faire du stop, c’est aimer rencontrer et parler avec des inconnus. C’est choisir de faire confiance aux gens et de partager avec eux. L’auto-stoppeur doit en effet être quelqu’un d’ouvert et curieux.

 

Parmi les magnifiques rencontres que nous avons faites lors de notre trajet en stop de Paris à Casablanca, il y a Aïcha et Lahcem. Ce couple de Français d’origine marocaine nous a emmenés de Châlons-sur-Saône à Perpignan, soit au total 6 heures de voiture ensemble ! Pendant le trajet, nous avons échangé sur de nombreux sujets, dont l’Islam et le Christianisme. Et, en arrivant à Perpignan, ils nous ont proposé de rester dîner et dormir chez eux, chose que nous avons acceptée avec plaisir ! Quelle belle leçon de générosité pour ce qui était seulement notre 2ème jour de voyage !

2. Le stop, c’est sortir de sa zone de confort et s’abandonner à la Providence

L’auto-stoppeur doit nécessairement sortir de sa zone de confort et accepter de ne pas tout maîtriser. Dans nos vies occidentales, nous aimons bien tout prévoir, tout organiser, tout planifier. Faire du stop, c’est vivre la beauté de l’imprévu et accepter les surprises !

 

En parlant de surprises, nous en avons vécu une belle lors de notre trajet en stop de Paris à Casablanca. Ce matin-là, le 4ème jour de stop, nous avions quitté Valence avec la volonté de rejoindre rapidement le Sud de l’Espagne. Vers 15h, nous sommes montés dans la voiture d’Angel, un Espagnol adorable qui possède 3 restaurants basques à Benidorm, une station balnéaire. En sortant de la voiture, nous nous sommes rendus compte qu’Inès avait oublié l’appareil photo dans la voiture… Après quelques péripéties, nous avons réussi à retrouver la trace de notre conducteur (et de l’appareil photo !) en nous rendant dans un de ces restaurants ! Immaculada Concepcion, la mère d’Angel, nous a même offert un dîner dans le restaurant de son fils ainsi qu’une nuit à l’hôtel pour que nous puissions nous remettre de nos émotions ! Comme le dit plus tard un autre conducteur, « cet oubli, c’est le Seigneur qui voulait vous offrir une pause à un moment où vous deviez en avoir besoin ! ». Vivre l’abandon à la Providence avec le stop, c’est merveilleux ! 

3. Le stop, c’est vivre la beauté de l’instant présent

Avant, nous pestions volontiers contre la SNCF pour un retard de 10 pauvres minutes. Avec le stop, nous avons appris à prendre notre temps et à profiter de chaque minute passée en compagnie de nos conducteurs. Que ce soit pour 5 minutes – jusqu’à la prochaine station-service, pour 30 minutes -jusqu’au prochain péage, ou pour 5 heures – jusqu’à notre destination du jour, nous vivons pleinement la rencontre avec le conducteur tout en sachant que dans 95% des cas, nous ne le reverrons sûrement jamais… C’est la beauté et la richesse de l’instant présent !

 

Parmi les belles rencontres que nous avons faites, il y a Sarah, une charmante Argentine, qui nous a avancés de 150 kilomètres et surtout qui a insisté pour nous faire visiter sa maison ! Nous avons ainsi découvert un havre de paix : une belle ferme remplie d’animaux aménagée par son mari et par elle-même – et, surtout, construite uniquement avec des produits naturels ou recyclés ! Le résultat est bluffant ! Elle nous a également invités à boire un verre et, quand Inès lui a avoué que nous voulions rapporter un « maté » d’Argentine, elle nous en a offert un confectionné par ses soins !

 

Il y a également Luis, un camionneur chilien, qui nous a pris dans son camion pendant 6 heures au Nord du Chili. Adorable, il a changé de route et fait un détour pour nous afin que l’on puisse longer la mer. Il s’est même arrêté plusieurs fois au bord de la route pour que l’on puisse prendre quelques photos.

 

Nous ne reverrons probablement jamais Sarah ni Luis mais nous ne les oublierons pas ! Ces multiples rencontres réalisées grâce au stop nous apprennent réellement à vivre la célèbre maxime « Carpe diem » ! Que demandez de mieux ?

4. Le stop, c’est en profiter pour évangéliser

Mère Teresa fait clairement parti des femmes contemporaines les plus connues et reconnues à travers le monde. Il nous est donc facile de parler avec nos conducteurs de notre Aven’tour et du sens que nous lui avons donné, surtout que les trajets en stop étant forcément limités dans le temps, nous abordons rapidement les sujets essentiels. Notre Aven’tour laissant rarement indifférent, nos échanges sont souvent très riches !

5. Le stop, c’est progresser en langue étrangère et découvrir le pays !

Saviez-vous que « haccer dedo » (littéralement « faire du doigt ») signifie « faire du stop » en Espagnol ? Vous voyez qu’on en apprend tous les jours avec le stop… C’est vrai qu’il faut avoir un certain doigté pour convaincre le conducteur de faire un détour pour nous !

 

Lors de nos innombrables discussions avec les conducteurs, nous sommes toujours dans l’état d’esprit que reflète ce beau proverbe : « chacun est élève, chacun est professeur ». Nous n’avons pas été déçus et nous avons appris tellement de choses au cours de nos dernières expériences ! Le stop est en effet une manière simple de rencontrer des locaux, qui généralement adorent parler de leur pays et de leurs voisins. Cela a notamment été le cas en Argentine, où les conducteurs nous ont fait part de leurs différends historiques avec les Chiliens.

 

Généralement, nous aimons beaucoup interroger les conducteurs sur la politique de leur pays. Les conducteurs marocains, sachant bien que nous étions étrangers, ont pu notamment délier leurs langues sur le Roi Mohammed VI et sur l’Islam, sujets pourtant considérés comme tabous dans leur pays. Certains critiquaient la manière qu’aurait le Roi de s’immiscer dans la gouvernance du Maroc et de contrôler la justice. D’autres nous confiaient que l’Islam doit nécessairement évoluer, prendre du recul sur certaines sourates du Coran. Ils nous disaient cela en nous avouant qu’ils ne pourraient jamais le dire librement à d’autres musulmans mais à des étrangers catholiques comme nous, si. 

6. Le stop, c’est gratuit et cela permet au conducteur d’être généreux !

Evidemment, inutile de préciser, l’auto-stop est le moyen le plus économique pour voyager ! Dans nos sociétés occidentales où la gratuité est rare, le stop est une exception. Certains conducteurs nous ont même proposé de l’argent, nous avons refusé… je vous laisse imaginer votre stupéfaction si un taxi parisien vous donnait de l’argent à la fin de sa course !

 

En Espagne, nous avons rencontré Nicolas, un Français évangélique voyageant en voiture pour son travail. Rapidement séduit par notre Aven’tour, il a fait un détour d’une heure sur son trajet initial : « vous donnez une année de votre vie pour servir les autres, je peux bien vous donner une heure de mon temps » ! Génial !

En mai 2017, les derniers 2 250 kilomètres de notre Aven’tour, de Shkodra (Albanie) à Paris, seront assurément un sacré défi ! Ce n’est pas que le trajet nous fasse peur mais une interrogation demeure : nos chers futurs conducteurs accepteront-ils de prendre dans leur voiture un homme d’1m93 avec une barbe longue de 13 mois ? Heureusement qu’Inès, mon atout charme avec son magnifique sourire, sera juste à côté de moi ;-)

 

Encore des hésitations ?! Laissez-vous tenter et levez le pouce !

Chili, octobre 2016