Portrait de Joie et d'Espérance n°2

Sœur Antoinette - un roc sur lequel s'appuyer

Souriante et pétillante, Sœur Antoinette nous entraîne dans une salle attenante à l’église Saint-François – on ne devinerait pas qu’elle se remet tout juste d’un vilain virus qui l’a clouée au lit plusieurs jours ! « Je puise mon énergie dans l’adoration, chantonne-t-elle, je ne pourrais pas vivre sans le Saint-Sacrement ! ». Sœur Antoinette vient de poser le décor : un abandon total entre les mains du Seigneur pour puiser la force incroyable qui l’habite et, chaque jour, venir en aide à ceux qui en ont besoin. Nous sommes scotchés par ce petit bout de femme qui respire la joie, l’amour et la bonté.

 

Sœur Antoinette appartient à la congrégation des Petites Servantes des Pauvres, créée en 1914 au Bénin. Là-bas, les sœurs s’occupent des orphelins, des pauvres, des personnes âgées et des « enfants sorciers », nourrissons qui ne sont pas nés la tête la première et qui sont donc voués à être tués ou abandonnés…

 

Sœur Antoinette a été envoyée au Maroc en 2009 avec Sœur Antonia, également de sa congrégation. Ici, elle s’occupe de la catéchèse pour les enfants des expatriés français et accompagne les petites bonnes catholiques, c’est-à-dire les jeunes filles originaires d’Afrique Noire qui travaillent pour les riches familles marocaines et n’y sont pas toujours bien traitées…

 

« C’est drôle, vous vous occupez de deux groupes totalement différents ! » s’exclame Etienne.

 

« En apparence oui, sourit Sœur Antoinette, mais en réalité chaque groupe souffre de la pauvreté : le premier souffre d’une pauvreté spirituelle, le deuxième d’une pauvreté matérielle et affective. Mon rôle est d’entourer chacune des personnes qui me sont confiées et de les aider à comprendre que Dieu les aime plus que tout ! Ainsi, j’organise des réunions régulières avec les petites bonnes pour les écouter et les aider ; quant aux enfants d’expatriés, et bien j’essaie à travers le catéchisme de leur faire découvrir la foi. Je travaille au Maroc pour l’Eglise de France ! »

 

Lorsque nous lui demandons s’il est difficile d’être religieuse en terre musulmane, Sœur Antoinette nous donne la réponse que nous redoutions : « Non, ce n’est pas facile. Pour vous donner un exemple très simple, les taxis refusent de me prendre lorsque je suis en habit de religieuse ! Je m’habille donc en civil pour mes déplacements… Ce qui est difficile également, c’est d’être Béninoise. Malheureusement, le racisme prédomine encore beaucoup au Maroc… Etre religieuse et Béninoise, c’est la pire combinaison qui puisse être ici ! » rigole Sœur Antoinette. Un rire derrière lequel on sent poindre la tristesse et l’amertume d’être mal acceptée par ce peuple si attachant.

 

« Ce n’est pas grave, je m’accroche ! Le disciple du Seigneur doit marcher là où le Christ lui-même a marché, cela passe donc par la Croix ! Ma croix ici, c’est d’endurer le comportement raciste de la majorité des Marocains.  Mais je tiens grâce à Dieu ! ‘Le Seigneur est ma forteresse et mon roc, devant qui tremblerais-je ?’ », cite-t-elle.

 

Un amour immense donné dans les petites actions du quotidien, Sœur Antoinette est une ouvrière de l’ombre qui laisse dans son sillage des cœurs attendris et des visages plus souriants.

 

« Ici nous ne sommes que des pèlerins ; notre maison est au Ciel. Cherchons ici-bas les pierres pour construire notre maison du Ciel. »

 

Assurément, Sœur Antoinette embellit chaque pierre qu’elle touche de son amour et de cette joie de vivre incroyable qui l’habite.

Mai 2016