Nous avons passé 5 semaines en mission auprès des Missionnaires de la Charité de Santiago. Ce temps de service au départ non prévu dans notre Aven’tour nous a plus que jamais montré l’importance de la Joie et de l’Amour au quotidien… 

Une mission voulue par la Providence

Nous ne devions au départ pas nous rendre chez les Missionnaires de la Charité du Chili. C’est en décidant il y a quelques mois de visiter 5 maisons supplémentaires que ce qui était initialement prévu que nous avons rajouté la maison de Santiago ; nous pensions y passer 2 semaines de service avant d’enchaîner sur 1 mois de mission en Nouvelle-Zélande. Il faut croire que la Providence n’était pas du même avis… juste avant de rejoindre le Chili, nous avons en effet appris que les Missionnaires de la Charité d’Auckland et de Wellington n’avaient finalement pas besoin de volontaires… énorme déception !

 

En réorganisant notre voyage en conséquence – nous pouvions heureusement modifier les dates de nos vols, nous avons été contraints de rester 5 semaines au Chili… Mais très rapidement, nous avons compris que ces circonstances n’étaient pas le fruit du hasard ! Les Missionnaires de la Charité de Santiago devaient avoir particulièrement besoin d’aide ! Et nous avons décidé d’offrir notre première année de mariage pour servir les plus démunis donc à nous de nous abandonner, avec joie, à la Providence pour aller là où l’on a besoin de nous ! Notre mission à Santiago en est un superbe fruit !

Notre mission

Les 4 Missionnaires de la Charité de Santiago vivent au cœur d’un quartier défavorisé de la capitale et tiennent un orphelinat où elles s’occupent d’une vingtaine d’enfants malades ou handicapés physiquement et mentalement.

 

Chaque jour, nous nous occupions des enfants du lever au coucher en aidant les « workers » travaillant chez les sœurs à les habiller, les changer, les baigner et les nourrir. Mais l’essentiel de notre mission n’était pas là : nous avions surtout à cœur de leur donner le plus d’amour possible ! Nous avons en effet rapidement compris que ce qui aiderait le plus ces enfants abandonnés, ce qui leur permettrait de s’éveiller, de se développer correctement, de prendre goût à la vie, ce n’était pas forcément de bien les nourrir, de les garder propres ou de s’assurer qu’ils dorment suffisamment… mais de les aimer ! Plus que jamais, nous avons pris conscience de l’importance de l’amour ! Et, plus que jamais, nous avons privilégié l’être sur le faire, le jeu sur l’efficacité, les moments passés avec ces enfants sur les tâches ménagères à accomplir.

 

Nous avons donc passé beaucoup de temps à jouer avec les enfants, à se mettre en quatre pour les faire rire et à tout faire pour qu’ils vivent pleinement les joies de l’enfance !

 

Etienne s’occupait généralement des petits garçons : il organisait des séances de jeux dans le jardin ou les faisait gambader et crier gaiement dans les couloirs du foyer – cela leur permettait de se défouler et de s’amuser plutôt que de rester toute la journée dans leur lit. Dans cet univers majoritairement féminin – les workers étaient toutes des femmes, les petits garçons étaient également ravis d’avoir un vrai mec avec qui jouer ! Pour ma part, j’ai adoré voir Etienne toujours à fond pour faire rigoler les enfants ! Il avait constamment une pêche d’enfer et trouvait toujours le bon jeu, la bonne grimace ou l’expression parfaite pour décrocher un sourire ! L’excitation des enfants en sa présence, aussi bien chez les garçons que chez les filles, montrait bien son succès ravageur !

 

Quant à moi, je restais généralement avec les petites filles. Celles-ci souffrant de séquelles physiques plus importantes, je passais beaucoup de temps à essayer de les stimuler pour qu’elles progressent, comme par exemple les faire marcher ou les entraîner à se tenir assises. J’aimais particulièrement m’occuper de Danae et Darlin, des jumelles de 1 an absolument adorables ! Nées grandes prématurées d’une mère qui se droguait, ces pauvres bouts de choux ont récolté de nombreux problèmes ; Darlin, surtout, a manqué d’oxygène à la naissance et subit donc un certain retard physique et mental par rapport à sa jumelle Danae : alors que cette dernière crapahute partout et marche presque, Darlin tient à peine assise… Mais en 1 mois elle a fait des progrès incroyables : alors qu’à notre arrivée elle affichait toujours une mine triste et restait constamment avachie et immobile dans son maxi-cosy, à la fin de notre mission elle souriait tout le temps, poussait de petits cris, attrapait des objets, se tortillait dans tous les sens lorsque nous la changions et essayait de se redresser quand nous la posions sur un tapis ! Ce petit trésor est la preuve que rien n’est jamais perdu et que les enfants ont besoin d’attention et d’amour pour s’éveiller !

 

Ainsi, nous avons passé beaucoup de temps à essayer d’apporter un peu de joie au quotidien de ces orphelins, même si cela n’était pas toujours évident. En effet, quel comportement adopter face à un enfant violent envers ses camarades et envers nous ? Une petite fille, par exemple, nous a causé beaucoup de tracas : très souvent, elle frappait ou donnait des coups de pieds aux enfants et adultes qu’elle croisait et devenait une vraie furie lorsqu’il s’agissait de la changer ou de la baigner… Nous ne savions alors pas s’il valait mieux la gronder ou feindre d’ignorer ses crises…

 

Nous avons également été choqués de la façon dont se nourrissaient la plupart des enfants : par sonde… Pour quelques-uns, c’était parce qu’ils ne pouvaient pas manger par voie buccale mais pour d’autres c’est parce qu’ils ne le voulaient pas… Cette réaction est très courante chez les enfants abandonnés, ceux-ci ayant inconsciemment perdu toute volonté de se battre pour vivre… Après le choc des premières fois, nous nous sommes habitués à nourrir ces enfants à l’aide d’une seringue que l’on plaçait dans une sonde reliée directement à l’estomac ; mais le pincement au cœur était toujours présent. C’est entre autres pour cette raison que je me suis battue pour faire manger les jumelles Danae et Darlin : elles refusaient d’ouvrir la bouche à mon arrivée et si elles avaient continué ainsi, elles se seraient récoltées une sonde à l’estomac… Mais je les ai prises sous mon aile à chaque repas et les ai forcées à manger pour qu’elles comprennent qu’il est important de se nourrir ! A la fin de notre séjour, elles ne faisaient quasiment plus de chichis pour les repas : c’est une petite victoire !

 

Parmi les autres difficultés, il y avait également les questions qui se soulevaient à chaque fois que nous nous rendions dans la section des bébés : les 4 bébés qui s’y trouvaient souffraient tous de maladies très lourdes et restaient toute la journée allongés et branchés à des machines de toute sorte… Chaque soir à 22h, je m’occupais d’un petit garçon très malade qui ne pouvait faire ses besoins tout seul ; toutes les 4 heures, il fallait donc lui retirer son urine par sonde. A chaque fois que j’allais le voir, je ne pouvais m’empêcher d’admirer cet enfant si patient, si doux, si innocent… Une petite vie sacrifiée pour toutes les autres… Une petite vie qui montre que la Vie a et aura toujours sa part de mystère…


La joie des enfants : une leçon pour tous !

Côtoyer quotidiennement ces enfants a donc soulevé chez nous de nombreuses questions mais si nous ne devions retenir qu’une chose de tous ces bouts de choux, ce serait leur joie ! Ces enfants avaient tous des histoires tragiques, ils souffraient tous de maux handicapant et d’un manque d’affection criant, et pourtant ils riaient à la moindre grimace, s’amusaient du jeu le plus simple et s’émerveillaient de tout !

 

Que ce soit Lupita, 8 ans, qui riait si joyeusement lorsque nous poussions son fauteuil à toute allure dans les couloirs ou qui souriait si tendrement quand je l’emmenais se promener en chantant !

 

Ou Martin et Alondra, deux enfants magnifiques et attachants qui ne cessaient de pétiller et de rigoler !

 

Ces petits êtres nous ont donc donné une superbe leçon de vie en montrant que la joie peut être présente partout, tout le temps, quelles que soient les difficultés que l’on traverse… 


La vie chez les Missionnaires de la Charité

Les 2 premières semaines de mission, nous avons été très généreusement accueillis par Marie, Amaury et Alban, un jeune couple de Français très sympathiques et leur charmant petit garçon ; nous ne les connaissions pas avant d’arriver à Santiago mais ils nous ont reçus comme de vieux amis ! Encore merci à vous 3 !

 

Les 3 semaines d’après, nous avons vécu chez les sœurs, comme lors de notre mission à Cusco. Nous avons ainsi pu profiter de la messe quotidienne, l’idéal pour commencer la journée ! 

Ce séjour chez les Missionnaires de la Charité de Santiago nous a notamment permis de rencontrer Carole, une volontaire américaine possédant une volonté de fer et une très belle spiritualité.

 

A 51 ans et récemment divorcée contre son grés, Carole a décidé de partir pour un voyage de 9 mois au cours duquel elle rend visite aux Missionnaires de la Charité d’Amérique latine. Son souhait : se mettre au service des plus démunis pour comprendre le sens que Dieu veut à présent donner à sa vie. La durée de son voyage n’est en effet pas anodine : ce périple au long cours est pour elle une renaissance après les lourdes épreuves qu’elle a subies. Carole souhaite également profiter de cette année pour apprendre à vivre plus paisiblement et moins frénétiquement : « toute ma vie, j’ai sans cesse eu 3 000 choses à faire, et surtout 3 000 choses à faire pour les autres ; à présent, j’aimerais ralentir le rythme pour savourer chaque moment et apprendre à penser un peu à moi, à ce pour quoi j’ai envie de me donner ! »

 

Carole a donc laissé travail, appartement, famille et amis derrière elle pour aller rendre visite aux Missionnaires de la Charité du Chili, d’Argentine, de Bolivie, du Pérou, de Colombie et du Nicaragua, alors qu’elle ne parle pas un mot d’Espagnol… Mais Carole n’est pas seule sur le chemin et ses pas suivent un Guide qui sait bien ce qu’Il fait !

« Mère Teresa voulait prendre soin des mal aimés, des rejetés, des déshonorés… Je crois bien être une de ces âmes qu’elle souhaitait tant chérir et guérir ! Ce n’est pas un hasard si j’ai ressenti l’appel de ce voyage au moment où j’étais au plus mal, si j’ai atterri ainsi dans l’un des quartiers les plus pauvres de Santiago, chez les Missionnaires de la Charité… Je suis certes ici pour aider mais surtout pour m’abandonner entre les bras de cette sainte qui a montré au monde que l’amour était le meilleur des remèdes. En me donnant à toutes ces personnes qui vivent chez les sœurs, je reçois moi-même énormément de joie et d’amour et me sens petit à petit renaître et revivre. C’est le Seigneur qui a allumé en moi la merveilleuse idée de ce voyage ! »

 

Carole nous a bluffés par son enthousiasme, son sourire et sa joie de vivre alors qu’au fond d’elle la tempête grondait. Chaque jour, elle se donnait à 100% pour faire rire les enfants, pour jouer avec eux et les aider à se développer, chacun à leur rythme. Et ses talents de pédo-psychothérapeute nous ont bien aidés : elle nous a montré comment stimuler les enfants pour que petit à petit ceux-ci se mettent à parler, à marcher, à sourire… Lors de son séjour à Santiago, elle a en quelques sortes été une petite maman pour tous ces orphelins et pour nous ! Et nous avons été, comme elle l’a dit, « deux petits anges que le Seigneur a mis sur son chemin pour l’aider à commencer le voyage en douceur ! »

 

Ce n’est en effet pas un hasard si nous avons été forcés à rester bien plus longtemps que prévu à Santiago : Carole avait besoin de nous ! Carole a en effet fait partie de notre mission au Chili tout autant que les orphelins adorables dont nous nous sommes occupés. Et comme toutes les personnes que nous avons aidées jusque-là, elle nous a en retour énormément apporté !

En 5 semaines de service, nous avons eu le temps de nous attacher à ces enfants dont nous nous occupions quotidiennement. Les adieux ont été difficiles d’un côté comme de l’autre ! Leur avenir est désormais entre les mains du Seigneur… Nous confions tous ces petits trésors à vos prières : Johan, Amarro, Martin, Hans, Daniel, Marco, Panchito, Amarro-José, Maria-Inès, Alondra, Maura, Lupita, Barbara, Emily, Danae, Darlin, Edward, Dyron, Tiago et Edison : vous allez nous manquer ! 

Octobre 2016