Nous avons passé 1 mois en mission auprès des Missionnaires de la Charité de Cusco. Ce mois de service a été plus difficile qu’au Maroc, à la fois parce que nous avons été plusieurs fois malades et parce que nous avons été confrontés à des questions qui n’ont cessé de nous interpeller… 

Un début et une fin difficiles...

Cette mission à Cusco aura été marquée par un début et une fin difficiles… Tout d’abord, quitter le Maroc s’est révélé moins évident que prévu : nous étions tristes de laisser derrière nous les futures mamans, les Missionnaires de la Charité, les Jacquier et toutes les autres personnes que nous avions rencontrées et à qui nous nous étions attachés... A la nostalgie du départ s’est ajoutée la fatigue : le trajet de Casablanca à Lima a en effet été fastidieux, marqué par une interminable escale à Roissy qui nous a brutalement ramenés à la réalité des prix français et de la grisaille parisienne… Après quelques jours de joie et de découverte passés à Lima en compagnie d’Adélaïde et Maximo, nous avons embarqué à bord d’un bus pour 24h de trajet jusqu’à Cusco… l’enfer ! Les routes sinueuses ont eu raison de l’estomac d’Etienne et les clips péruviens n’ont laissé aucun répits à nos maux de tête ! Et une fois arrivés à Cusco, nous avons dû nous habituer à l’altitude… 3 400 mètres ce n’est pas rien ! Enfin, après à peine quelques jours de mission, je me suis fait une déchirure musculaire au poignet… en faisant la lessive ! Cela m’a donné un petit coup au moral car étant droitière et ayant reçu l’ordre de ne pas me servir de mon bras droit pendant 10 jours, j’avais l’impression de ne pas me rendre aussi utile que je le voulais... 

 

Le début de notre mission n’a donc pas été facile sanitairement parlant… et la fin non plus ! Je suis en effet revenue de notre excursion au Machu Picchu très enrhumée et me suis traînée une méchante sinusite pendant les 2 semaines qui ont suivi ! Etienne n’étant pas très en forme non plus, c’est épuisés que nous avons entamé nos vacances péruviennes… bien méritées !

Cette mission à Cusco n’aura donc pas été de tout repos ; toutefois, nous avons pu en retirer de belles leçons, la première étant que nous pouvons véritablement compter l’un sur l’autre. Ces épreuves nous ont fait prendre conscience du fait que l’autre est réellement notre seul repère, mais quel repère ! Au Maroc, nous côtoyions quotidiennement des Français et n’étions donc pas vraiment perdus ; au Pérou, nous nous sentions réellement à des milliers de kilomètres de la France, que ce soit culturellement, matériellement ou affectivement parlant ! Contrairement au Maroc, le Pérou aura été LE véritable départ, LE véritable arrachement. Cela nous a déboussolés mais aussi soudés davantage ! Etienne a toujours été très présent lorsque je ne me sentais pas bien, me montrant plus que jamais que je pouvais compter sur lui dans quelque situation que ce soit !

Je tiens à souligner également que nous avons vécu de très beaux moments lors de notre mission à Cusco, et rencontré des volontaires qui sont devenus de véritables amis ! Pour n’en citer que quelques-uns, il y a eu Megan, jeune Américaine de 18 ans qui nous a initié à la mission à notre arrivée, Jessica et Cassandra, 2 infirmières américaines qui se sont occupées des femmes avec moi, Athena, américaine d'origine vietnamienne hyper investie pendant près de 7 semaines, et enfin ce groupe de 7 quadragénaires espagnols et ultra joyeux qui ont décidé de mettre leurs 3 semaines de vacances estivales au service des sœurs… Contrairement à Casablanca, où nous étions les seuls volontaires jusqu’à ce que Camille et Isabelle nous rejoignent, il y avait beaucoup de volontaires à Cusco – entre 20 et 30 chaque jour ! Nous étions ravis car nous avons pu échanger avec eux sur la mission, parler de nos différents pays et… nous faire charrier après la défaite de la France contre le Portugal en finale de l’Euro !

Notre mission

L’essentiel de la mission des Missionnaires de la Charité est d’accueillir des personnes handicapées physiquement et/ou mentalement. Près de 80 personnes vivent ainsi chez elles : 25 hommes, 25 femmes et 25 enfants. Aidées par ce qu’on appelle des « workers » (travailleurs), les Missionnaires de la Charité assurent au quotidien les tâches ménagères qui permettent à ces personnes de vivre paisiblement.

 

Pendant 1 mois et chacun d’un côté différent – Etienne auprès des hommes et moi auprès des femmes, nous avons donc aidé les sœurs et les workers dans leurs tâches quotidiennes : faire le ménage, faire les lits, aider à préparer les repas puis ensuite à les distribuer, faire la vaisselle, faire la lessive… Et autant que possible, nous avons essayé de passer du temps avec les patients pour parler avec eux, les faire rire, jouer…

Ce qui a été moins facile pour moi fut de créer des liens d’amitiés avec les patients : la quasi-totalité des femmes ne pouvant pas parler, j’ai eu du mal à passer du temps avec elles, à être dans « l’être » plus que dans le « faire », comme nous l’avions appris lors de notre mission à Casablanca. Etienne a réussi à nouer de réels liens d’amitié avec certains hommes et je l’admire pour cela ; ma mission a plus été d’aider aux tâches ménagères – j’ai donc retrouvé ce sentiment d’être efficace que nous ressentions lorsque nous aidions à Paris mais en même temps il me semblait que le plus important était plutôt de passer du temps avec les femmes… Cette difficulté ne fut donc pas évidente à gérer pour moi.

Enfin, j’ajouterais que cette mission m’a appris à dépasser la monotonie de certaines tâches et m’a menée à réellement voir le Christ dans chacune des personnes que nous aidions. En effet, tous les jours le rythme était à peu près le même : nous donnions le petit-déjeuner, puis nous faisions le ménage, les lits et la lessive, puis nous donnions le déjeuner et refaisions le ménage… Face à cette routine il n’était pas toujours facile d’avoir toujours la même envie de bien faire, surtout lorsque le dégoût s’installait.

 

 

Je me souviens ainsi de cette fois, au tout début de la mission, où j’avais les 25 lits des femmes à faire ; j’avais commencé en bordant les lits soigneusement puis peu à peu je me suis laissée emportée par le découragement et me suis dit : « à quoi bon bien faire les lits puisque dans quelques heures ils seront à nouveau défaits… ? » ; mais, très rapidement, je me suis ressaisie en me disant que ces personnes vivaient là, que ce qui n’était pour moi qu’une mission d’un mois était leur quotidien, leur propre vie… je n’avais donc pas le droit de négliger quoi que ce soit, au contraire j’avais le devoir de mettre le plus de joie et d’amour dans le moindre de mes gestes ! Je suis ensuite arrivée à un lit qui avait été souillé pendant la nuit – comme plus de la moitié des lits ; ma tentation fut de faire comme si je n’avais rien senti et de border le lit comme si de rien n’était ; mais encore une fois, une petite voix s’est heureusement immiscée en moi… je ne pouvais pas laisser qui que ce soit se coucher dans des draps sales… et je me suis rappelée ces paroles de Sœur Joyce, qui m’avait dit à Casablanca que les Missionnaires de la Charité accomplissaient leur mission avec autant d’amour parce qu’elles voyaient le Christ dans les pauvres… Jamais je n’aurais laissé le Christ se coucher dans des draps sales alors je ne pouvais pas laisser cette pauvre patiente subir ce sort là non plus ! Voir le Christ dans chacun de ces patients : voilà la force qui nous a aidés à frotter le sol avec toujours plus de joie, à faire la vaisselle avec toujours plus d’attention, à ne négliger aucun lit et à mettre tout notre amour lorsque nous donnions à manger aux patients qui ne pouvaient se nourrir seuls.

En-dehors de l’accueil de ces personnes, les Missionnaires de la Charité ont une mission de catéchèse non négligeable : 2 fois par semaine, le mercredi et le samedi, elles vont visiter des villages situés dans les montagnes alentours pour assurer la catéchèse. Ces villages, reculés et éloignés de tout, les accueillent à chaque fois avec joie et enthousiasme. Nous les avons plusieurs fois accompagnées : ce furent à chaque fois des journées uniques où nous avons vu des paysages à couper le souffle et rencontré des villageois vivant à mille lieux de nos modes de vie occidentaux…

Un temps de retraite

 

 

Pendant ce mois de mission, nous avons eu la chance de loger chez les Missionnaires de la Charité et donc de pouvoir suivre leur vie de prière en allant tous les matins à la messe et tous les soirs à l’adoration. Cela nous a permis de puiser chaque jour notre force dans la prière et de mieux connaître les 6 sœurs, qui étaient aux petits soins pour nous ! Nous nous sentions comme chez nous, comme en famille chez elles !

 

Cette mission à Cusco a certes été moins évidente que celle de Casablanca mais elle nous a pour autant apporté beaucoup de joie et permis de rencontrer de nombreux volontaires très touchants ! C’est également lors de cette mission que nous nous sommes rendus compte que le service était véritablement le cœur de notre voyage, que c’était en servant que nous vivions les moments les plus beaux… Nous avons donc décidé de rajouter des missions à notre périple ! Pendant cette année d’Aven’tour, nous ne visiterons pas 5 mais 8 maisons de Mère Teresa : Casablanca (Maroc), Cusco (Pérou), Buenos Aires (Argentine), Potosi (Bolivie), Santiago (Chili), Calcutta (Inde), Phnom Penh (Cambodge) et Shkodra (Albanie) !

Juillet 2016