Nous avions choisi l’Albanie pour notre dernière mission car Mère Teresa était albanaise mais aussi parce que les Missionnaires de la Charité avaient besoin d’aide sur place. C’est donc début avril que nous avons remis un pied sur le vieux contient, contents de retrouver l’Europe mais également de découvrir un pays sur lequel nous n’avions aucun a priori – l’Albanie n’étant pas touristique, nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre ! Et bien si en apparence l’Albanie a des airs d’Europe – quelle ne fut pas notre surprise en arrivant à Tirana de revoir des Smarts, des vélib’ et des boulangeries, et de nous sentir un peu décalés avec nos vêtements asiatiques –, on perçoit néanmoins que le pays n'a pas fini de se remettre des lourdes séquelles laissées par le communisme, qui s’est effondré en 1991…

Un peu d'Histoire...

L’Albanie a connu le rayonnement de toutes les grandes civilisations riveraines : Grecs, Romains, Byzantins, Ottomans et Illyriens, tous ont combattu pour le contrôle de cette terre stratégique, marquant de leur empreinte la culture du pays.

 

Après avoir définitivement gagné son indépendance en 1944, l’Albanie a sombré dans un régime communiste très sévère dirigé par Enver Hoxha ; le pays s’est alors isolé du reste du monde jusqu’en 1991…

 

Depuis 1992, l’Albanie est une république parlementaire et mène des négociations avec l’Union Européenne pour une possible adhésion.

De lourdes séquelles économiques

D’un point de vue économique, il règne toujours une grande pauvreté en Albanie : le salaire moyen avoisine les 170€ par mois, permettant à peine à la majorité des familles de manger à leur faim. Et comme nous l’ont dit les Albanais que nous avons rencontrés, « il y a beaucoup de travail mais très peu de travail bien payé ». Nous avons constaté par nous-mêmes la misère qui règne dans le pays lorsque nous avons rendu visite à des familles pour leur apporter la communion ou des sacs de provisions : la plupart vivaient dans des bicoques minuscules et complètement décrépies où s’entassaient grands-parents, enfants et petits-enfants… Bien souvent les plus jeunes n’allaient pas à l’école car si par chance ils n’habitaient pas trop loin d’un arrêt de bus, ils n’avaient de toutes façons pas les moyens de s’acheter des cahiers, un cartable et des stylos.. et dans tous les cas il y avait la vache familial à nourrir et à traire !

 

Cette situation économique effroyable pousse de plus en plus d’Albanais désespérés à migrer en Italie, en France ou en Allemagne – clandestinement bien sûr… Nous avons ainsi rendu visite à plusieurs familles démunies dont les frères, sœurs, enfants ou cousins étaient partis pour ce qu’ils croyaient être un Eldorado… l’Albanie se dépeuple donc peu à peu et comme nous l’ont dit plusieurs personnes, « il y a plus d’Albanais en dehors qu’en Albanie ! ».

De profondes blessures spirituelles

On sent également que le pays a énormément souffert d’un point de vue spirituel : le communisme d’Enver Hoxha voulant être « le régime le plus athée du monde », je vous laisse imaginer ce qu’il s’est passé… Catholiques, orthodoxes, musulmans : des milliers de personnes ont été persécutées pour leur foi entre 1944 et 1991. En novembre 2016, 38 martyrs catholiques albanais ont été béatifiés par le Pape François ; parmi eux, des prêtres, des religieux, une postulante et des laïcs qui seront restés fidèles au Christ jusqu’au bout… Pendant près de 50 ans, les lieux de culte furent fermés ou transformés en espaces publics ; ainsi, la cathédrale de Shkodra était devenue le palais des sports de la ville…

 

Ces violences ont laissé de tristes traces : une grande partie de la population ayant grandi dans une société où il était interdit et dangereux de prononcer le mot « Dieu », beaucoup d’Albanais sont aujourd’hui athées bien qu’en quête de spiritualité. Nous avons tout de même eu la chance de vivre 1 mois à Shkodra, haut-lieu du catholicisme albanais : la ville rassemble plus de 30 congrégations religieuses et nous avons assisté à de très belles messes où se pressaient d’adorables petites grand-mères qui même sous l’époque communiste avaient continué à pratiquer !

 

Mais Shkodra est une exception : le reste du pays s’islamise de plus en plus, comme le montrent les mosquées qui se construisent un peu partout – l’Albanie subit en effet une forte influence turque.

Mère Teresa, la sainte nationale

Une chose qui nous a fait plaisir en arrivant en Albanie, c’est de voir combien Mère Teresa est appréciée et fêtée ici ! Nous avons remarqué cela dès l’aéroport… qui s’appelle « Aeroporti Nënë Tereza » (Aéroport Mère Teresa) !  Dans chaque ville que nous avons visitée, il y a au moins une avenue Mère Teresa et une grande statue de la nouvelle sainte ; le moins qu’on puisse dire, c’est que les Albanais sont très fiers d’elle !

 

Mère Teresa est née en 1910 à Skopje – qui faisait alors partie de l’Empire Ottoman – de parents albanais. Elle a quitté le pays en 1928 et n’a pu y remettre les pieds qu’en 1991 ; jusqu’à cette date-là, elle fut en effet interdite d’entrée sur le sol albanais et n’a ainsi jamais pu revoir sa mère… A son retour, Mère Teresa a rouvert un grand nombre d’églises et créé 6 maisons pour accueillir les plus pauvres, telles que celles de Shkodra ou de Bushat.

Avril 2017